Mais est-on devenu fous dans ce petit pays qui est en train de prouver, non pas qu’il n’est pas indispensable, mais qu’il faut l’éviter à tout prix.
Pas de chef d’orchestre
Alors que l’Otan, les institutions européennes, des ONG, des palanquées d’institutions et d’organisations internationales, des dizaines de milliers de touristes se demandent s’il est raisonnable de maintenir leur QG, leur lieu de résidence, leur voyage à Bruxelles, alors qu’on vient après deux semaines de fermeture totale, de rouvrir très partiellement un aéroport qui doit déjà se battre pour survivre, alors que cet aéroport n’est toujours pas relié par train à la ville – ils circulent à vide sous l’aéroport ! –, alors que le métro vient juste de « rouvrir », alors que les hommes politiques s’étripent sur leurs responsabilités et passent plus de temps à convoquer une commission d’enquête sur le passé qu’à se concerter sur le présent, alors, en résumé, que ce pays a besoin de toutes ses forces et tous ses atouts pour simplement surnager, des contrôleurs aériens annoncent à la face du monde qu’ils font semblant d’être malades, plongeant non seulement la Belgique mais une partie du ciel européen dans le chaos ! Nous n’avons décidément pas besoin d’ennemis extérieurs pour sombrer.
Certes, deux attentats kamikazes terribles, imprévisibles, meurtriers ont mis notre pays à terre et nous ont tétanisés, paralysés, atomisés. Mais ce n’est pas (plus) une explication. Si la Belgique donne désormais de n’être plus qu’un château de cartes, c’est parce que nombre de ces composantes, jouant en solo, sans chef d’orchestre, sans direction commune, sans sens collectif des responsabilités – même la concertation sociale ce mardi n’est pas parvenue à faire triompher le bon sens –, provoque son effondrement. Le plus terrible n’est pas de le constater, mais de ne même plus très bien identifier comment et qui peut redresser l’édifice.
Béatrice Delvaux, Le Soir 12 avril 2016
Notre incapacité à faire tourner un pays
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