Originally posted 2016-04-12 21:05:41.
Mais est-on devenu fous dans ce petit pays qui est en train de prouver, non pas quâil nâest pas indispensable, mais quâil faut lâéviter à tout prix.
Pas de chef dâorchestre
Alors que lâOtan, les institutions européennes, des ONG, des palanquées dâinstitutions et dâorganisations internationales, des dizaines de milliers de touristes se demandent sâil est raisonnable de maintenir leur QG, leur lieu de résidence, leur voyage à Bruxelles, alors quâon vient après deux semaines de fermeture totale, de rouvrir très partiellement un aéroport qui doit déjà se battre pour survivre, alors que cet aéroport nâest toujours pas relié par train à la ville â ils circulent à vide sous lâaéroport ! â, alors que le métro vient juste de « rouvrir », alors que les hommes politiques sâétripent sur leurs responsabilités et passent plus de temps à convoquer une commission dâenquête sur le passé quâà se concerter sur le présent, alors, en résumé, que ce pays a besoin de toutes ses forces et tous ses atouts pour simplement surnager, des contrôleurs aériens annoncent à la face du monde quâils font semblant dâêtre malades, plongeant non seulement la Belgique mais une partie du ciel européen dans le chaos ! Nous nâavons décidément pas besoin dâennemis extérieurs pour sombrer.
Certes, deux attentats kamikazes terribles, imprévisibles, meurtriers ont mis notre pays à terre et nous ont tétanisés, paralysés, atomisés. Mais ce nâest pas (plus) une explication. Si la Belgique donne désormais de nâêtre plus quâun château de cartes, câest parce que nombre de ces composantes, jouant en solo, sans chef dâorchestre, sans direction commune, sans sens collectif des responsabilités â même la concertation sociale ce mardi nâest pas parvenue à faire triompher le bon sens â, provoque son effondrement. Le plus terrible nâest pas de le constater, mais de ne même plus très bien identifier comment et qui peut redresser lâédifice.
Béatrice Delvaux, Le Soir 12 avril 2016