Le secrétaire d’État Francken n’en est pas à son coup d’essai. Sa dernière dérive populiste sur les réseaux sociaux soulève la polémique: un « sondage » sur Face Book, demandant de choisir entre:
Quatre propositions:
→ Je trouve que les opérations de secours envers les minorités religieuses concernées (Chrétiens, Druzes et Yézidis) au Moyen-Orient sont une bonne chose.
→ Je ne pense pas que nous devons faire un effort supplémentaire envers les minorités religieuses concernées au Moyen-Orient.
→ Je trouve que les opérations de secours ne doivent pas dépendre des croyances ou de la culture. Tous ceux qui sont en danger doivent être sauvés (Chrétiens, Druzes, Yézids ou Musulmans).
→ Je ne pense pas qu’il faut organiser d’opérations de secours supplémentaires (ni pour les Chrétiens, ni pour les Musulmans).
Cela fait évidemment réagir, et dans tous les sens. Je trouve tant le procédé que le contenu indécents, pour le moins. Mais on retrouve dans beaucoup de commentaires le même travers réducteur que dans le « sondage » de Francken.
On pourrait aller un peu plus loin, en regardant:
1. Le mode de communication utilisé:
-il est évident que le résultat d’un tel « sondage » n’aura aucune valeur, même indicative.
-certains pensent naïvement qu’il demande vraiment son avis à la population, or il sert uniquement à ce à quoi il est arrivé, créer un buzz, faire parler de lui; c’est un principe de publicité bien connu, faire parler de soi à tout prix, même en mal, ça fait exister.
2. L’attitude médiatique habituelle de Francken:
-il utilise twitter et face book, plutôt que des communiqués officiels et des prises de position dignes d’un membre de gouvernement
-on pourrait être tenté de croire qu’il utilise les moyens de communication modernes, qu’il est efficace et de son temps
-en fait, sa communication via les réseaux sociaux est plus proche de celle d’un ado narcissique et provocateur que d’un adulte exerçant des responsabilités nationales … pardon, fédérales
3. Le résultat obtenu:
-tout le monde en parle, les commentaires en tous sens s’envolent
-insidieusement, l’idée qu’un tel mode de communication est légitime se répand; or, on voit bien qu’il s’agit ni plus ni moins que de manipulation
-les partisans d’une ligne dure, voire extrême, dans le domaine de la migration se voient confortés dans leur attitude, même s’ils n’ont pas répondu au « sondage », par le sentiment induit d’appartenance à un groupe mené par un leader qui leur ressemble.
Au bout du compte, Francken retire de l’opération une augmentation apparente de légitimité. Ce qui est totalement inadmissible, encore plus que le cas ponctuel du « sondage », c’est le recours systématique à la provocation et à un mode de communication manipulateur.
Qu’un tel personnage soit soutenu par une majorité gouvernementale est préoccupant; que son système fonctionne et lui assure une popularité importante est plus effrayant. Qu’il soit pressenti comme le futur président de son parti laisse augurer des jours bien sombres.
Dernière mise à jour le 10 mois par André