Non, je n’irai pas. Maintenant que les hordes de migrants barbares ont débarqué sur la côte, j’ai peur ! Peur de ces habitants qui les méprisent et les rejettent; peur de ces autorités qui organisent la chasse à l’homme, qui veulent affamer, qui dépouillent, qui marquent les gens en détresse comme du bétail.
Oui, j’ai peur d’être le touriste prétexte au nom duquel se commettent des infamies. Peur de la société inhumaine dont rêvent trop de gens à courte vue. Peur que les réactions humaines et réfléchies ne soient bientôt noyées sous la marée des commentaires indifférents, hostiles ou carrément haineux.
Et qu’on ne vienne pas opposer les pauvres d’ici à ceux de là-bas qui échouent ici: refuser de voir, d’aider, d’intégrer les uns, c’est nier aussi les droits humains des autres. Cette crise n’est pas une crise des migrants, c’est une crise de notre civilisation, repliée sur son obsession suicidaire de la croissance, incapable de compassion.
Les gens de la « jungle » de Calais sont des victimes, à plus d’un titre: victimes d’abord de la situation dans leur pays, victimes des passeurs mafieux, victimes d’une Europe qui refuse de les comprendre, victimes de leur illusion d’une Grande Bretagne accueillante et égalitaire.
Je n’irai pas à la côte, mais je maintiendrai tant que possible, modestement et avec persévérance, avec tous ceux qui parlent peu et qui agissent, la petite flamme de l’espoir et de la solidarité.
d’après les témoignages directs, c’est dur là-bas. A Calais. Heureusement jusqu’à maintenant c’est seulement des gentilles pacifistes qui sont du « bon » coté.
Je crois que les gens veulent aller en Angleterre parce qu’ils savent qu’on peut y vivre sans s’insérer, aprce qu’ils connaissent des gens qui parlent leur langue et qui ont des filières.
Londres a été la capitale de l’empire le plus vaste et le plus divers depuis Rome. Si égalité il y a c’est par le bas, le mépris , et solidarité c’est surtout communautaire et familiale.