Dans La Repubblica d’aujourd’hui, je découvre l’initiative de maires européens de villes « frontières« : répondant à l’appel de Giusi Nicolini, maire de Lampedusa, ils ont signé un accord d’assistance mutuelle, réponse de ceux qui travaillent sur le terrain à l’Europe qui élève des murs.
Damien Careme, le maire de Grande-Synthe près de Calais, en est une des chevilles ouvrières, lui qui contre vents et marées a imposé un camp digne pour les réfugiés de sa région.
Lampedusa, Pozzallo, Riace, Ventimiglia, Calais (Grande-Synthe), Lesbos, Barcelone sont les membres actuels de ce réseau. Barcelone, qui n’est pas confrontée au même état d’urgence, a décidé d’octroyer une aide financière.
Ensemble, les responsables de ces villes réclament d’être reconnus comme interlocuteurs privilégiés, affirmant que, face à l’Europe qui se contente de mots, ce qu’ils ont construit concrètement parle pour eux, et que le choix de l’humanité est plus gratifiant, mais aussi plus rentable.
Rendre l’espoir en abattant les barrières de la haine et des préjugés, c’est ce à quoi s’emploient ces gens courageux qui ont compris qu’attendre l’aide des gouvernements ou de l’Europe est une illusion, et que les vrais progrès ne viendront que d’initiatives locales.
Ils nous montrent la voie: un monde de murs et de frontières n’est pas viable, le repli identitaire ne mène nulle part, l’humanité est un bien que nous partageons tous, sans hiérarchie et sans différences.
Après, il faut vivre, s’organiser, rendre possible la cohabitation sur la Terre et dans chacune de ses parties. Mais sans le préalable humain qu’ont choisi les « maires de frontières », l’avenir est sérieusement compromis, et nous risquons fort de mourir d’inanition à l’intérieur de la prison où nous enferment les murs européens.