Ah le bel élan ! Voir tous ces gens fraterniser dans la douleur, les petites flammes symboliques allumées sur les places, les messages de paix griffonnés à la craie: que d’émotion !
Pourtant, demain nous découvrirons aussi les manifestations de sympathie envers les assassins de Bruxelles et d’ailleurs. Demain, d’autres complots terroristes se trameront , des hommes et des femmes fabriqueront des explosifs meurtriers, des recruteurs sans scrupules instilleront le poison de la haine meurtrière dans de jeunes cerveaux crédules et sans repères.
Pourtant, demain, notre société n’aura pas changé. On se cachera derrière l’indispensable traque, derrière les nécessaires mesures de sécurité, derrière l’illusoire protection des policiers et militaires patrouillant dans nos rues. La tête dans le sable de l’immédiat, on refusera de voir l’état de délabrement de cette société dont nous pensions pouvoir être fiers; on continuera à se chamailler, à se diviser, à se replier sur une identité étriquée.
Pourtant, demain, nos États poursuivront sans états d’âme excessifs leur œuvre de sape de la cohésion sociale. Les pauvres, les chômeurs, les réfugiés seront toujours présentés comme un problème. Non pas comme AYANT un problème, mais comme ÉTANT un problème qu’on n’arrive pas à résoudre. Et nous continuerons à produire des aigris, des laissés pour compte, des rejetés, …. des révoltés sans repères, n’ayant plus grand-chose à perdre, parfois pas même la vie.
Pourtant, demain, peut-être verrons-nous un sursaut d’humanité, d’intelligence, de cette fraternité dont se gargarise la république française.
Alors dès aujourd’hui semons nos petites graines, montrons notre bienveillance, tendons la main (mais pas la joue !!). Dès aujourd’hui refusons de croire aux frontières, aux murs et aux barrières, dès aujourd’hui apprenons à voir plus loin que l’horizon: ce sera notre seule protection durable contre les bombes.
Aujourd’hui, I have a dream …
Dernière mise à jour le 7 mois par André
[…] Alors qu’on se prépare à commémorer l’attentat meurtrier du 22 mars 2016 à Bruxelles, je relis ce que j’écrivais juste après. L’article s’intitulait « Et demain ? » […]
Yes, I have a dream.