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Vocabulaire: « peuple » et « valeurs », des mots aux contours flous.

Vocabulaire

Dans la rhétorique socio- qui fleurit ces temps-ci face au islamiste, aux migrations et aux fractures sociales, deux connaissent un regain de charge émotionnelle: et . Ce vocabulaire sert, entre autres, à fournir une apparence de respectabilité à ceux qui instrumentalisent le désarroi ambiant.

Peuple.

Utilisé sans modération par les meneurs populistes et extrémistes de tout poil, à la base même du vocable qui les désigne, le mot peuple est en fait une abstraction, une vessie que l’on tente de faire prendre pour une lanterne.

Dans l’acception commune, le peuple est l’ensemble des personnes vivant sur un même territoire. Il est par essence hétéroclite, composé de groupes aux caractéristiques, aux aspirations et aux capacités d’action bien différentes. Parler du peuple au singulier est donc une aberration, sauf à le réduire à son plus petit commun dénominateur, c’est-à-dire à un corps aux contours imprécis, sans réelle identité, une coquille sémantique .

C’est précisément ce vide que les populistes exploitent, en proposant à bon marché une identité commune à ceux qui se sentent délaissés, voire méprisés, par la société dans laquelle ils vivent. Ce mot peuple, on va le doter d’un tas de caractéristiques fantasmées, comme une origine commune, une supériorité par rapport aux étrangers ou à une élite, une légitimité à imposer sa loi, une civilisation, une religion. Les personnes appelées à faire partie du peuple vont se voir investies de ces mêmes caractéristiques, et se reconnaître comme chef celui – ou celle – qui les leur aura transmises.

Le chef populiste pourra dès lors utiliser ce peuple désormais docile et reconnaissant pour arriver à son véritable objectif: l’exercice du pouvoir le plus étendu, absolu si possible.

Valeurs

Voilà bien un mot dont se gargarisent nombre de nos concitoyens, mot à la connotation positive, censé recouvrir l’ensemble de nos qualités sociales et morales. Pourquoi pas. Mais tout comme « le peuple« , « nos valeurs » employé dans l’absolu n’est qu’une coquille vide.

Là aussi, d’habiles – ou moins habiles – manipulateurs vont remplir ce mot de fantasmes identitaires, d’ordre religieux, social ou moral, avec toujours cette idée de supériorité et d’absolu. On va se prévaloir de ces valeurs, sans jamais les expliciter, pour renforcer une identité de groupe et, ipso facto, exclure ceux, groupes ou individus, qui sont réputés ne pas partager nos valeurs, sous-entendu universelles. S’ils n’ont pas les mêmes valeurs que nous, c’est qu’ils n’ont pas la même valeur, qu’ils nous sont donc inférieurs. Or ces soi-disant valeurs sont contingentes, mobilisées en fonction des circonstances, et font généralement l’impasse sur des aspects moins positifs de notre mode de : exploitation de l’homme par l’homme, surexploitation des ressources, pollution …

Ce sont les mêmes meneurs populistes qui exploitent sans les préciser ces valeurs au profit de la cohésion du peuple fantasmé sur lequel ils appuient leur pouvoir.

Populistes

Ces techniques de manipulation lexicale chères aux populistes sont également utilisées par d’autres, au fil des nécessités et des escarmouches politiciennes. Les célèbres « petites phrases » et les interviews de circonstance en regorgent. Un des derniers exemples en date nous est fourni par Gwendoline Rutten, présidente des libéraux flamands, pour qui « Notre mode de vie est sans le moindre doute supérieur à tous les autres dans le . »

La est en , et il est plus que jamais nécessaire d’être attentifs aux mots que nous utilisons.

Dernière mise à jour le 10 mois par André

Posted in Réflexions
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