Le printemps qui pointe le bout de son bourgeon nous rappelle à la vie. On voudrait tant un peu de légèreté, on y pense et on n’ose …
Le soleil du matin nous rappelle à la vie. Le chant des oiseaux nous rappelle à la vie. Les enfants nous rappellent à la vie.
Tout autour, le monde n’est guère plus beau; mais il y a pire ailleurs, il y a eu pire avant. Malgré les pauvres qui ne sont pas plus riches, malgré les riches qui ne sont pas plus justes, malgré les millions de déracinés, malgré les terroristes et les bombes, malgré les imbéciles en formations serrées, on se console comme on peut, on se prend même à espérer. Mon encombrante petite pierre, peut-être trouverai-je finalement où la poser ?
A force d’indignation contre la noirceur quotidienne, ce phénix qui ne cesse de renaître de ses cendres, cette hydre hideuse qui nous cache le soleil, on pourrait perdre le peu d’âme qui nous reste.
Mais les premiers pas chancelants d’un petit garçon qui porte mon nom, la poignée de main et le sourire chaleureux d’un ado afghan, irakien ou syrien, le baiser d’un enfant rescapé de l’enfer, mais l’amour inconditionnel partagé depuis si longtemps, mais les petits bonheurs légers comme des plumes, restent plus forts et me font encore rêver à un avenir peut-être vivable.
Alors, ce soir, pas de journaux messagers de malheur, pas d’images de misère. Juste une musique qui nous rappelle depuis 300 ans que la vie reprend toujours ses droits.