Monsieur le comte Lippens est un notable: il est le bourgmestre d’une des communes les plus riches de Belgique, la station balnéaire huppée de Knokke, et il est noble. Enfin, cela dépend du sens que l’on donne au mot « noblesse »: s’il s’agit de hautes qualités morales et de générosité, alors le titre de M. le comte est usurpé.
Il y a peu, M. le comte se fendait dans Sud Presse, puis sur la RTBF, d’une série de considérations assez abjectes à propos des réfugiés qui oseraient passer par la côte. Il préconise rien moins que la construction d’un camp comme le tristement célèbre Guantánamo (« mais sans les tortures », précise-t-il, humaniste dans l’âme), et la mise hors circuit des procédures judiciaires, pour permettre une expulsion plus rapide de ceux qu’il appelle « illégaux ».
M. le comte se réjouit de ce qu’on ait détaché des dizaines de policiers pour organiser la chasse à l’homme. M. le comte fait fi de toutes les conventions internationales, de toute humanité même, en voulant « renvoyer dans leur pays » des gens qui ont fui ce pays, souvent pour sauver leur vie, parfois au péril de leur vie.
M. le comte, bouffi de certitudes, imbu de ses privilèges, n’est décidément pas fréquentable. Hélas, il n’est pas seul de son espèce: ses semblables ont tendance à proliférer partout en Europe ces temps-ci. Et leur donner un écho, parfois démesuré, n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit.
Alors, je persiste et signe: je n’irai pas à la côte, il y a bien trop de risques d’y être le sacro-saint touriste poule aux œufs d’or de M. le comte et de ses semblables.
Heureusement, il y a la musique pour adoucir mes mœurs.
ni Knokke, ni Middelkerke 😉