Le secrétaire d’État belge à l’asile et à la migration, Théo Francken, dépasse les bornes. Dans un précédent article (Francken, le Résistant: mourir et laisser vivre.), je m’indignais déjà de son refus d’accorder un visa humanitaire à une famille de candidats réfugiés syriens. Aujourd’hui, il persiste et signe, et son parti avec lui, refusant obstinément d’exécuter un jugement en appel le condamnant à délivrer ce visa.
C’est pourquoi je lui adresse cette lettre ouverte, avec copie aux différentes autorités du pays. Devant de tels agissements, se taire, c’est être complice.
Monsieur Francken,
c’est un citoyen belge, européen, qui vous écrit. Un être humain aussi, écoeuré par votre attitude hautaine, méprisante envers ceux que votre charge devrait vous amener à aider et protéger.
Depuis votre arrivée, sous prétexte d’organisation et de bonne gestion, vous n’avez de cesse de stigmatiser les demandeurs d’asile, les associant sournoisement à des criminels, à des profiteurs, à un danger pour notre pays, occultant souvent les véritables raisons de leur arrivée : guerre, persécutions, misère.
Vous estimez plus important d’expulser des familles que de respecter le droit élémentaire, et internationalement reconnu, des enfants à ne pas être enfermés.
Aujourd’hui, vous donnez la pleine mesure de votre cynisme : alors même que vous reprochez à ces gens leur arrivée « illégale », à ceux qui tentent une voie « légale » en demandant un visa avant de venir, vous opposez une fin de non recevoir. Et ce, au mépris de décisions de justice concordantes et répétées. Pire : vous, membre d’un gouvernement, vous déclarez publiquement, avec votre arrogance coutumière, ne pas vouloir respecter les jugements, vous plaçant ainsi au-desssus des lois. Pire encore : vous êtes soutenu dans cette attitude choquante et indigne d’un démocrate par votre parti, ce qui n’est pas sans rappeler les diatribes des politiciens italiens corrompus contre ceux qu’ils appelaient les « juges rouges ».
Monsieur Francken, vous flirtez depuis longtemps avec l’indécence, à présent vous avez dépassé les bornes. Des gens tels que vous n’ont pas de place dans un gouvernement : le seul geste qui pourrait encore sauver quelque apparence de décence, c’est une démission immédiate. Mais je crains que même dans ce cas, votre parti ne vous remplace par un de vos semblables.
Monsieur Francken, gouverné par des gens tels que vous, j’ai honte d’être Belge.
Cette lettre est publique, tout un chacun peut se l’approprier, la faire circuler, l’adresser en son nom à qui il le juge utile.
[…] illusions, comme déjà l’an passé. Mais se taire, c’est être […]