Voyage.

Et qu’emporterons-nous, au jour du grand départ ?
Un bagage léger, juste une âme fluette,
quelques images floues que nos derniers regards
tenteront malgré tout de rendre un peu plus nettes.

Mais on fera aussi place, un peu, pour le vent,
ses caresses furtives et ses emportements,
la rosée scintillant dans le soleil levant
et le parfum des roses, la saveur d’un piment.

On y mettra encore le souvenir fugace
de nos premiers baisers, d’un trouble insoupçonné,
du sourire si doux ondoyant dans l’espace
et de nos mains unies, et d’un enfant mort-né.

On posera enfin, sur ce léger bagage
tout le poids d’un amour qui dura si longtemps
pour qu’il retarde un peu le funeste voyage,
prolonge encore un peu la douceur de l’instant.

Mais on n’emporte rien pour cette errance-là:
seuls ceux que nous laissons prendront ce qu’ils pourront
jusqu’au jour où eux-mêmes iront vers l’au-delà,
laissant un peu de nous à ceux qui resteront.