Presque cinq mois, pas loin d’une demi-année, de silence: est-ce à dire qu’il ne se passe plus rien qui suscite l’indignation, la réaction ou l’admiration ? Est-ce à dire que ma source est tarie, ou que l’indifférence me gagne ?
Rien de tout cela, au contraire. Le monde continue à courir à sa perte, les gens souffrent et meurent dans une injustice immonde, quelques lumignons continuent à éclairer notre nuit, mais depuis ces quelques mois je suis envahi par le sentiment de l’insignifiance de ma petite pierre, de ma petite goutte d’eau dans cet océan.
Une longue lamentation a-t-elle un sens ? Redire avec mes mots ce que tout le monde sait, sent, souffre a-t-il la moindre chance d’être utile ? Mais se taire a-t-il plus de sens ? Le silence est-il plus pertinent que la bouteille à la mer que sont les mots lancés sur un blog ?
Je ne sais toujours pas, mais aujourd’hui, comme une nausée, les mots me remontent à la gorge. Et de nouveau, il va me falloir les jeter à la mer. De nouveau, je vais tenter de conjurer mon pessimisme désespéré en criant la laideur du monde et la beauté incomparable de tout ce qui résiste.
Pour combien de temps ?