Une pub de Lidl provoque des réactions, qui vont jusqu’à une plainte au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) et au JEP (Jury d’éthique publicitaire). Il y serait question de sexisme envers les femmes. Dans la mesure ou cette pub se décline en un spot ♂ et un spot ♀, on ne peut guère parler de véritable discrimination basée sur le genre.
Par contre, et c’est au moins aussi grave, ces spots publicitaires véhiculent une vision de l’être humain hélas de plus en plus répandue: on ne parle plus de personnes, mais d’entités réduites à des valeurs marchandes, à des objets de consommation.
Ici, le vecteur est publicitaire, et ce n’est que le dernier exemple – d’un goût douteux – d’un environnement mental qui tend à ramener l’Homme à l’état d’objet. Mais ce n’est pas le seul domaine où nous nous retrouvons privés de réalité humaine: les services sociaux, qui ramènent leurs usagers à des éléments de statistique, la politique migratoire, qui ramène les réfugiés à l’état de problèmes à résoudre, la politique de lutte contre le chômage, qui ramène le chômeur à l’état d’objet encombrant et coûteux dont il faut se débarrasser, les entreprises qui ramènent leurs travailleurs à l’état de « ressources humaines », un statut proche de celui du bétail ou de la machine.
Le pire est probablement la banalisation de ces représentations: on finit par ne plus les voir, par intégrer le concept que l’Autre n’est pas un humain comme moi, pensant, éprouvant des sentiments et des émotions, mais une entité à la limite de l’abstrait, manipulable et, trop souvent, jetable.
Regardons donc les autres avec un oeil humain, et refusons fermement l’expression pernicieuse de la réduction de l’Autre à l’état d’objet.
Dernière mise à jour le 9 mois par André