Je me fous du monde entier
Quand Frédéric me rappelle
Les amours de nos vingt ans
Nos chagrins, notre chez-soi
Sans oublier
Les copains des perrons
Aujourd’hui dispersés aux quatre vents
On n’était pas des poètes
Ni curés, ni malins
Mais papa nous aimait bien
Tu t’rappelles le dimanche?
Autour d’la table,
Ça riait, discutait
Pendant qu’maman nous servait
Mais après…
Après, la vie t’a bouffé
Comme elle bouffe tout l’monde
Aujourd’hui ou plus tard
Et moi, j’ai suivi
Depuis l’temps qu’on rêvait
De quitter les vieux meubles
Depuis l’temps qu’on rêvait
D’se r’trouver tout fin seuls
T’as oublié Chopin
Moi, j’ai fait d’mon mieux
Aujourd’hui, tu bois du vin
Ça fait plus sérieux
Le père prend un coup d’vieux
Et tout ça fait des vieux
{au Refrain}
Après, ce fut la fête
La plus belle des fêtes
La fête des amants
Ne dura qu’un printemps
Puis l’automne revint
Cet automne de la vie
Adieu, bel Arlequin!
Tu vois qu’on t’a menti
Écroulés les châteaux!
Adieu, le clair de lune!
Après tout, faut c’qu’y faut
Pour s’en tailler une
Une vie sans arguments
Une vie de bons vivants
{au Refrain}
La la la…
Tu t’rappelles, Frédéric?
Allez, au r’voir!
Lorsque j’entends ce prélude de Bach
Par Glen Gould ma raison s’envole
Vers le port du havre et les baraques
Et les cargos lourds que l’on rafistole
Et les torchères les grues patraques
Les citernes de gasoil
Toi qui courais dans les flaques
Moi et ma tête à claques
Moi qui te croyais ma chose, ma bestiole
Moi je n’étais qu’un pot de colle
Lorsque j’entends ce prélude de Bach
Par Glen Gould ma raison s’envole
Et toutes ces amours qui se détraquent
Et les chagrins lourds, les peines qu’on bricole
Et toutes mes erreurs de zodiaque
Et mes sautes de boussole
Toi les pieds dans les flaques
Moi et ma tête à claques
J’ai pris les remorqueurs pour des gondoles
Et moi, moi je traîne ma casserole
Dans cette décharge de rêve en pack
Qu’on bazarde au prix du pétrole
Pour des cols blanc et des corbacs
Qui se foutent de Mozart, de Bach
J’donnerais Ray Charles, Mozart en vrac
La vie en rose, le rock’n roll
Tous ces bémols et tous ces couacs
Pour Glenn Gould dans l’prélude de Bach
Grand moment d’émotion pour moi que d’avoir rendu hommage sur scène à Maurane sur « ce prélude de Bach »