J’ai parfois (souvent, en fait) l’impression de petit à petit transformer ce blog en mur des lamentations.
Alors je cherche les signes d’une société en progrès, d’une humanité en voie de pacification, et je ne trouve au mieux que des individus qui comme moi se débattent entre doute et pessimisme, qui tentent vaille que vaille de rendre la portion d’univers qui les entoure un peu plus vivable.
C’est ainsi qu’arrive un jour dans ma boîte aux lettres cette video d’un député européen aussi indigné que moi. Même au cœur des institutions, des voix s’élèvent. Nous ne sommes pas seuls dans notre coin. Mais quel est le poids d’un député écologiste ? Il se verra taxé d’idéalisme naïf, si ce n’est d’incompétence, ou pire encore. Mais sa parole a sonné clair dans l’hémicycle, et qui sait jusqu’à quelles oreilles elle aura volé ?
C’est ainsi qu’arrive un soir sur mon écran de télévision, à la 36ème minute du journal télévisé, un de ces Grecs écrasés par la crise. Il a ouvert une cantine pour venir en aide à plus pauvre que lui, et déclare dans le brouhaha de sa cuisine: « Si la maison de ton voisin brûle et que tu ne l’aides pas à l’éteindre, le feu viendra aussi chez toi. » Puis: « Il n’y a que des êtres humains. Il n’y a pas de sang grec, pakistanais, anglais ou américain. Il n’y a qu’un sang, et il est tout rouge. »
Aujourd’hui, c’est sur tous nos écrans qu’il a coulé, ce sang humain, tout rouge. Il a coulé tout près, presque dans nos maisons. Il a coulé si près que nous en sommes plus choqués que d’habitude. Car il faut bien parler d’habitude, chaque jour nous apportant l’écho plus ou moins lointain des explosions. Le sang a coulé, et le pays s’est arrêté, hébété.
Quand il coule en Afghanistan, en Irak ou en Syrie, c’est si loin. Nous ne sentons pas le souffle de l’explosion, le sang n’est pas celui des nôtres. À peine levons-nous un sourcil, laissons-nous échapper un soupir.
Quand il a coulé en Turquie ces derniers jours, ce n’était pas en Europe. « Décidément, ce pays n’est pas sûr. » « Nos vacances sont-elles compromises? »
Quand il a coulé à Paris, tout s’est arrêté aussi. Mais au moins il y avait une frontière entre nous, même si nous la savons bien perméable.
Aujourd’hui, il coule à Bruxelles et nous éclabousse. Et demain ?
Ce que dit ce monsieur est évidemment intéressant, mais sans interlocuteur face à lui, le discours n’est pas équilibré. J’aime bien entendre plusieurs arguments différents, seul moyen de se faire un avis.
Bonne soirée !