Il y a quelques jours à peine, on s’échangeait des « bonne année ! » et des « meilleurs vœux ! », dans la joie un peu factice du passage à une année nouvelle. Sincères, ils l’étaient probablement ces souhaits de bonheur et de prospérité, même si souvent teintés d’une dose plus ou moins importante de scepticisme. Mais bon, on peut toujours espérer, il y aura bien un répit dans la sinistre chaîne des catastrophes, attentats, guerres, malversations en tous genres. Touchons du bois, plaçons une pièce sous notre assiette de choucroute du premier janvier, mettons-nous la tête dans le sable, n’y pensons plus, ça ira, forcément …
Le mois de janvier n’est pas fini que déjà on se réveille avec une sacrée gueule de bois.
Au-delà de l’Atlantique, le bouffon dangereux que les Américains se sont choisi comme président prend les rênes aujourd’hui: triste jour pour la civilisation, cet éléphant dans le magasin de fragile porcelaine qu’est le monde d’aujourd’hui ne rassure que quelques millions d’Américains crédules, nationalistes, égoïstes ou racistes. Le nouveau Prince Carnaval, parti pour quatre ans, va s’en donner à cœur joie: suffira-t-il de faire le gros dos en attendant des jours meilleurs, ou n’est-ce que le premier pas sur le chemin du pire ?
Chez nous, les scandales politiques se suivent et se ressemblent: on détourne allègrement les fonctions publiques, au sommet ou à la base de l’État, pour s’enrichir ou pour se faire mousser, souvent les deux, et les voix officielles qui s’élèvent pour condamner et réclamer qui des têtes, qui des règles plus strictes, qui un sursaut citoyen, sonnent lamentablement creux. Du pain bénit pour les populistes de tout poil.
Aujourd’hui, l’espoir est moribond. Entre une classe politique sans envergure, parfois corrompue, et une parole publique qui ne prend plus de gants pour remuer la boue la plus nauséabonde, l’espace pour une humanité digne, fraternelle et solidaire se fait de plus en plus étroit. Non, l’année qui commence ne sera pas bonne.
Il nous reste à tenter de garder une petite lumière allumée, à garder l’espoir à tout prix, à refuser de nous taire, à croire envers et contre tout dans la liberté, dans l’égalité et dans la fraternité. Il nous reste Don Quichotte, et sa quête de l’inaccessible étoile.
Dernière mise à jour le 9 mois par André